Dans un contexte de tensions croissantes autour des eaux du Nil et d’intensification des troubles dans la Corne de l’Afrique, Le Caire a accueilli une rencontre de haut niveau entre le président ougandais Yoweri Museveni et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Cette visite, qualifiée de « décisive » par les observateurs, vise à redéfinir les contours de la coopération régionale entre les deux pays, la visite intervient après des semaines de contacts diplomatiques intenses, alors que Le Caire et Kampala réévaluent leurs intérêts stratégiques face à l’achèvement du barrage de la Renaissance en Éthiopie et aux inquiétudes croissantes concernant son impact sur les parts historiques des eaux du Nil.
Le président égyptien, dont le pays dépend presque entièrement du fleuve, a réaffirmé son attachement aux droits hydriques de l’Égypte. De son côté, son homologue ougandais, dont le pays est situé en amont du bassin du Nil, a cherché à promouvoir ses projets de développement dans les domaines de l’énergie et de l’irrigation, reflétant un changement dans l’équilibre des forces hydriques dans la région. Les deux dirigeants ont participé à un forum économique réunissant des élites commerciales des deux pays, où des ambitions communes ont été dévoilées pour élargir la coopération commerciale, encore limitée malgré les opportunités disponibles.
Museveni a plaidé pour un modèle commercial bilatéral basé sur l’échange de biens et de services, ainsi que sur l’investissement de capitaux égyptiens dans des secteurs ougandais prometteurs, tels que l’agriculture et les industries manufacturières. De son côté, Sissi a qualifié l’Ouganda de « partenaire clé » dans la région du bassin du Nil, appelant à la création d’un conseil d’affaires commun et à un renforcement du rôle du secteur privé pour stimuler le développement, dans le cadre d’une coopération Sud-Sud reflétant les transformations des modèles de développement africains.
Dans un message publié sur la plateforme X, Museveni a déclaré que « l’économie est le nouveau champ de bataille », soulignant que « la libération politique n’est complète qu’avec la libération économique, à travers l’industrialisation et un commerce équitable entre les nations du Sud ».
