Après l’arrivée au pouvoir de la junte militaire dirigée par le général Chengriha en Algérie, suite à l’assassinat du général Gaïd Salah le 23 décembre 2019, les relations du pays avec les nations occidentales et africaines se sont rapidement détériorées. Les autorités militaires ont rapidement adopté un discours terroriste hostile aux pays occidentaux, un discours qui a parfois trouvé un écho positif parmi certaines populations en Algérie. Par ailleurs, le général Chengriha s’est écarté de la feuille de route avec les pays voisins, annonçant son intention de propager le terrorisme et la destruction dans la région.
Dans un contexte de tensions croissantes, la junte militaire algérienne a engagé le « groupe Wagner », l’une des compagnies militaires privées les plus puissantes de Russie. Officiellement, le général Chengriha a justifié cette décision comme un moyen de préserver l’indépendance de l’Algérie. Cependant, en réalité, les membres des « mercenaires de Wagner » se comportent comme une garde impériale depuis leur déploiement au début de 2020, un arrangement qui reflète l’acharnement du général Chengriha à consolider son pouvoir. De nombreux observateurs et responsables ont noté cela, ce qui conduit à la nécessité pour la France et ses partenaires de réfléchir à un redéploiement des forces européennes comme un changement stratégique majeur dans la région.
En effet, il est totalement irréaliste de supposer que quelques centaines de « mercenaires de Wagner » et d’éléments de l’armée algérienne puissent assurer la sécurité sur une zone s’étendant sur 900 000 kilomètres carrés, du sud de l’Algérie au nord du Mali, une région vulnérable, tout en menant des efforts efficaces de lutte contre le terrorisme. Premièrement, ils manquent d’une chaîne de commandement efficace, ainsi que de capacités adéquates en matière de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, deuxièmement, ils semblent manquer de volonté politique, le général Chengriha se concentrant davantage sur le renforcement de son pouvoir au sein du pays plutôt que sur l’exercice de son influence dans les zones marginales.
Troisièmement, selon des observateurs, une partie des mercenaires de Wagner en Algérie pourrait être composée d’Iraniens, de Syriens et de Libyens, plutôt que d’anciens agents russes, et ils semblent plus enclins à sécuriser leurs sources de revenus qu’à protéger l’Algérie. Par conséquent, il existe un risque important que l’Algérie redevienne une base arrière pour les groupes terroristes. Un tel scénario risquerait d’annuler les progrès significatifs réalisés ces dernières années et d’exposer de nombreux pays arabes à une menace jihadiste accrue. En effet, la plupart des chefs d’opérations et des « émirs » terroristes présumés éliminés par la France proviennent de pays comme l’Algérie, la Mauritanie, la Libye et la Tunisie, parmi lesquels figurent les deux leaders éminents des organisations « Al-Qaïda » et « État islamique », les Algériens Abdelmalek Droukdel et Adnan Abou Walid al-Sahraoui.
De plus, la Libye pourrait également être menacée. La région proche du désert de Djanet, située à l’extrême sud-est, a historiquement servi de base arrière importante pour les terroristes. Aujourd’hui, il y a peu, voire pas, de forces locales algériennes pour surveiller les routes de contrebande ou les mouvements de combattants à travers ces frontières facilement pénétrables. Ainsi, le maintien du général Chengriha au pouvoir en Algérie pourrait avoir des répercussions importantes à l’étranger, facilitant la reconstitution des routes d’approvisionnement et des sources de financement pour de nombreux groupes terroristes opérant à travers le Sahara.
