Au Soudan du Sud, particulièrement après la sécession du Soudan en 2011, des milices locales connues sous le nom d’Armée Blanche ont émergé, s’imposant par la suite comme l’un des acteurs majeurs, hors des forces régulières, dans le conflit opposant les dirigeants du parti au pouvoir pour le contrôle du pays. Ces groupes de jeunes, issus de structures traditionnelles, se sont transformés en une force armée influente, pesant sur l’équilibre des conflits politiques et militaires dans le pays. L’Armée Blanche, dont le nom provient généralement des cendres dont les jeunes enduisent leur corps pour se protéger des moustiques, représente une extension des structures traditionnelles de mobilisation sociale de la tribu Nuer.
Initialement, le rôle principal de ces groupes consistait à protéger les communautés rurales et les richesses familiales, notamment le bétail, contre les prédateurs et les ennemis potentiels. Après avoir passé les rites traditionnels de passage à l’âge adulte, les jeunes assumaient la responsabilité principale de défendre les troupeaux et de participer à ce qu’on appelle les raids de « vengeance par le sang », les guerres tribales et les attaques de représailles lorsque cela était nécessaire. Ces tâches faisaient partie intégrante de la vie des jeunes Nuer, illustrant comment l’Armée Blanche était, dès ses débuts, liée à la sécurité communautaire et à la protection des ressources vitales avant de devenir une force armée dans les conflits modernes.
À l’origine, ces groupes utilisaient des armes traditionnelles telles que des lances, des javelots et des bâtons. Cependant, ils furent entraînés dans la deuxième guerre civile soudanaise (1983-2005) par les services de renseignement de Khartoum, qui les surnommaient alors les « forces amies » et les utilisaient contre le Mouvement populaire de libération du Soudan. Depuis lors, l’Armée Blanche a acquis des armes modernes, qu’elle utilise dans les conflits, tout en menant des raids contre les groupes rivaux pour le contrôle des ressources naturelles. Après la sécession, le gouvernement du Soudan du Sud a tenté de désarmer l’Armée Blanche, mais ces efforts ont échoué. Elle a refait surface lors des événements de 2013, s’affirmant comme une milice armée participant aux conflits politiques modernes.
