Le ministère des Affaires étrangères du Togo a convoqué l’ambassadeur de l’Union européenne à Lomé, Gwilym Jones, suite à une résolution du Parlement européen exigeant la libération immédiate d’Abdul Aziz Goma, un citoyen irlando-togolais condamné à 10 ans de prison. Les autorités togolaises ont qualifié cette démarche européenne d' »ingérence flagrante dans une affaire judiciaire et souveraine ». Abdul Aziz Goma, résidant en Irlande depuis les années 1990, effectuait régulièrement des voyages dans son pays d’origine pour des raisons commerciales. En février 2024, une cour de Lomé l’a condamné, avec 13 autres personnes, pour « complot contre la sécurité intérieure de l’État » et « formation d’une organisation criminelle », en lien avec son prétendu rôle dans une manifestation de l’opposition interdite par les autorités en décembre 2018.
Des organisations locales et internationales de défense des droits humains ont dénoncé la durée de sa détention et les conditions de son emprisonnement, les considérant comme une violation des normes internationales. Dans sa résolution du jeudi 11 septembre 2025, le Parlement européen a condamné ce qu’il a qualifié de « détention en isolement » et d' »actes de torture » à l’encontre de Goma, appelant à sa libération immédiate et à une évacuation médicale urgente. Par ailleurs, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les défenseurs des droits humains, Mary Lawlor, avait interpellé le gouvernement togolais début 2024 au sujet de cette affaire, soulignant que Goma n’avait pas participé directement à la manifestation en question, mais avait simplement aidé certains participants en leur fournissant un logement.
Cette crise diplomatique survient dans un climat politique tendu au Togo, marqué par des années de troubles. Entre 2017 et 2018, le pays a connu de vastes manifestations réclamant une limitation du nombre de mandats présidentiels, réprimées dans le sang. Plus récemment, des réformes constitutionnelles renforçant les pouvoirs du président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, ont déclenché une nouvelle vague de manifestations, faisant des morts et des blessés.
