Le leader de l’opposition camerounaise, Issa Tchiroma Bakary, a déclaré que des soldats loyaux envers lui l’ont escorté vers un lieu sûr pour le protéger, une démarche qui pourrait indiquer une division au sein de l’armée à la suite d’élections contestées. Tchiroma était assiégé dans sa résidence à Garoua, dans le nord du pays, depuis les élections présidentielles du 12 octobre, au cours desquelles il avait proclamé sa victoire. Bien qu’il n’ait pas précisé le nombre de soldats, sa confirmation de la loyauté de membres de l’armée envers lui pourrait signaler une fracture au sein des forces de sécurité du pays.
Dans un message publié sur sa page Facebook, Tchiroma a déclaré : « Je remercie l’armée loyale qui a fait preuve de patriotisme en m’escortant vers un lieu sûr, et qui assure actuellement ma protection. » Un porte-parole du ministère de la Défense du pays d’Afrique centrale a refusé de commenter pour Reuters. Le Conseil constitutionnel du Cameroun a annoncé lundi la victoire du président Paul Biya, doyen des dirigeants mondiaux (92 ans), lors des élections, ce qui a déclenché des manifestations violentes dans plusieurs villes de ce pays producteur de pétrole et de cacao. Les élections contestées ont exacerbé les tensions dans le pays, les forces de sécurité étant accusées d’avoir tué au moins 23 manifestants et arrêté plus de 500 personnes, selon une organisation de la société civile.
Dans un message séparé publié sur Facebook vendredi, Tchiroma a appelé à une paralysie nationale de trois jours à partir de lundi, exhortant ses partisans à suspendre leurs activités et à rester chez eux pour exprimer leur rejet des résultats électoraux. Dans une vidéo, Tchiroma a déclaré : « Que le pays tout entier s’arrête, afin que le monde entier sache que nous résistons et que nous ne capitulerons pas… Nous devons garder nos magasins fermés, suspendre nos activités et rester chez nous, dans le silence, pour montrer notre solidarité et rappeler à ce régime que la force de l’économie réside dans son peuple ».
