La campagne électorale pour l’élection présidentielle guinéenne prévue le 28 décembre a officiellement débuté le 28 novembre, dans une atmosphère particulièrement tiède et avec une absence quasi totale d’engouement populaire. On ne voit ni grands rassemblements ni les traditionnelles manifestations de campagne. La campagne doit se poursuivre jusqu’au 25 décembre, soit seulement trois jours avant le scrutin. Ce démarrage en demi-teinte s’explique largement par l’exclusion des principaux leaders de l’opposition, actuellement en exil, notamment Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé. Cette situation se reflète dans l’indifférence apparente de la population guinéenne vis-à-vis de ce scrutin.
Dans les rues de Conakry, la capitale, les affiches électorales sont rares, à l’exception de gigantesques portraits du général Mamadi Doumbouya, président de la transition et grand favori du scrutin. Dans un café du quartier de Kaloum, au cœur administratif de la capitale, Souma, un habitué, déclare qu’il ne s’intéresse pas à cette campagne en raison de l’absence des grandes figures de l’opposition. Il ajoute : « Ces élections manquent de crédibilité. Il aurait fallu que les leaders politiques expérimentés puissent participer pour qu’il y ait une véritable compétition ». Souma estime même que certains partis auraient dû boycotter le scrutin : « Ils ont déjà participé par le passé et n’ont même pas obtenu 4 %. Aujourd’hui, ils soutiennent Doumbouya ».
À l’inverse, Daouda, chauffeur de taxi et fervent soutien du général Mamadi Doumbouya, affiche son soutien sans réserve. Pointant une immense affiche sur l’hôtel Riviera portant l’inscription « Coup de grâce » (en français dans le texte : « la frappe décisive »), il déclare : « Nous le soutenons parce que nous voyons ce qu’il fait. Nous sommes très contents de lui. Le pays est redevenu normal. La capitale a énormément changé, regarde l’éclairage public et les infrastructures ». Interrogé sur les principales réalisations de Doumbouya en dehors de Conakry, Daouda répond : « Les routes sont maintenant excellentes jusqu’aux villages. Aller de Conakry à Dalaba, Siguiri, Massenta ou N’Zérékoré est devenu beaucoup plus facile ».