Il y a 33 ans, un groupe d’enfants était parti faire paître leur bétail dans un village du sud du Soudan, en pleine guerre civile. À leur retour le soir, ils découvrirent leur village entièrement brûlé. Terrifiés, ils fuirent à la recherche d’un refuge sûr, leurs pas les menant loin de la violence, au-delà des frontières de leur pays. Après avoir traversé la frontière avec le Kenya, les enfants marchèrent près d’une journée avant de s’installer dans une région de la province de Turkana, dans le nord-ouest du pays, posant ainsi les bases du camp de Kakuma, aujourd’hui l’un des plus grands camps de réfugiés au monde.
Avec l’escalade de la violence dans leur pays, des centaines, puis des milliers de déplacés les rejoignirent, fuyant la guerre pour trouver un abri sûr. Le camp, qui comptait initialement des dizaines de personnes, s’est élargi à des milliers, puis à des centaines de milliers, s’étendant aujourd’hui sur plus de 30 kilomètres carrés. Le camp de Kakuma abrite plus de neuf nationalités différentes, principalement originaires du Soudan du Sud, de Somalie, d’Éthiopie, du Congo et du Rwanda. Les conditions de vie y sont difficiles, le Kenya peinant à fournir un soutien suffisant, tandis que l’aide internationale destinée à ces réfugiés reste rare et insuffisante.
Bien que la majorité des habitants du camp soient des réfugiés fuyant la guerre civile au Soudan du Sud, le camp est devenu, au fil des crises successives, un foyer alternatif pour plus de 340 000 déplacés. Ils vivent dans des habitations rudimentaires faites de boue et de tôle, dépendant des aides du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de partenaires internationaux et locaux. Plus de trois décennies après sa création, le gouvernement kenyan, en collaboration avec des agences humanitaires, a mis en place un plan visant à réduire la dépendance à l’aide et à encourager l’autonomie économique des réfugiés, malgré d’immenses défis.
En effet, peu de réfugiés ont le droit légal de travailler ou d’obtenir la citoyenneté kenyane, et ils manquent de ressources et d’infrastructures nécessaires pour développer une économie locale viable.
