La réalisatrice Lena Karp documente le parcours de trois Sud-Africaines qui travaillaient comme gardes forestières dans le parc national Kruger. Leur mission était de lutter contre le braconnage, qui menace d’épuiser la faune sauvage du parc et, à terme, de l’éteindre, tout en affaiblissant le tourisme dans la région. L’observation de ces femmes révèle la lutte des Sud-Africaines pour subvenir aux besoins de leurs enfants et les sacrifices qu’elles consentent pour protéger leurs familles, parallèlement, leur longue collaboration avec ces femmes révèle la domination des Blancs dans cette activité, malgré la déclaration officielle de fin de l’apartheid dans le pays.
Le film met également en lumière la forte présence du colonialisme à travers la domination blanche du parc national, qui porte le nom de l’homme politique Paul Kruger, premier président blanc d’Afrique du Sud. Le nom de celui qui a initié la nomination de femmes sud-africaines au parc reflète le nom de son projet : « Black Mambas ». Il s’agit d’un concept raciste et racialement discriminatoire. Pour souligner sa pérennité, la cinéaste utilise délibérément le nom du groupe, tel qu’elle l’a nommé, comme titre de son documentaire, « Black Mambas ». Grâce à cette rencontre avec des femmes africaines, le documentaire révèle des aspects liés à leurs conditions de vie difficiles. Cela s’explique par le peu d’opportunités qui s’offrent à elles et au reste de la population noire d’obtenir un bon emploi ou d’occuper des postes importants dans l’administration des régions où elles vivent, la majorité de ces postes étant encore occupés par des Blancs.
À cela s’ajoute le manque de développement des compétences des citoyens noirs par les autorités, qui les contraint à accepter les emplois les plus insignifiants, sans ambition d’en assumer la responsabilité, tant qu’elles n’ont pas reçu la formation nécessaire pour jouer ce rôle. Ce manque d’éducation se manifeste par la connaissance limitée des femmes gardes forestières de la nature et des espèces animales qui peuplent la réserve. Cette situation est aggravée par le manque d’éducation des populations face à la faune sauvage, souvent perçue dès leur plus jeune âge comme une menace pour leur vie.
