Les célèbres « montagnes noires » de Zambie – d’immenses amas de déchets miniers qui défigurent le paysage de la Copperbelt – sont profondément ancrées dans l’esprit de Stary Mwaba, l’un des plus grands artistes visuels du pays. « Enfants, on l’appelait « mu danger », ce qui signifie « en danger » », raconte Mwaba à la presse. « La « montagne noire » était un endroit où il ne fallait pas aller », explique le peintre, né et ayant vécu dans la Copperbelt jusqu’à l’âge de 18 ans. « Mais on s’y faufilait quand même pour cueillir les fruits sauvages qui parvenaient à y pousser », se souvient l’artiste. Aujourd’hui, les jeunes hommes qui se dirigent vers « mu danger » recherchent des fragments de minerai de cuivre dans les scories pierreuses de ces immenses décharges – héritage toxique d’un siècle d’exploitation minière industrielle en Zambie, l’un des plus grands producteurs mondiaux de cuivre et de cobalt.
Ils creusent des tunnels profonds et sinueux, et extraient des roches pour les vendre à des acheteurs, principalement chinois, qui extraient ensuite le cuivre. C’est un travail difficile, dangereux, souvent illégal et parfois mortel. Mais il peut aussi être lucratif et, dans une région où le chômage des jeunes atteint environ 45 %, c’est pour certains le seul moyen de joindre les deux bouts. La dernière œuvre de Mwaba, exposée au Musée national de Lusaka ce mois-ci, raconte l’histoire des jeunes qui exploitent la montagne noire de Kitwe et capture le rythme de vie des habitants du quartier de Wusakile. Ils travaillent pour des chefs de gang appelés « jerabos », une déformation de « gamin de prison », faisant allusion à leur prétendue criminalité.
L’artiste a peint une série de grands portraits sur de vieux journaux. Il découpe les articles qui attirent son attention – ce qu’il appelle des « grands récits » – et les colle sur un support. Il utilise un pistolet à souder pour brûler certains mots et créer une série de perforations dans les histoires. Il verse ensuite de la peinture pour créer les portraits, ou ce qu’il appelle les « petits récits ». « Je prends ces grands récits et j’y crée des trous qui rendent ces histoires incompréhensibles.
