Un groupe d’experts de l’ONU a révélé dans un rapport confidentiel qu’une entreprise rwandaise, Boss Mining Solutions, est impliquée dans l’achat de minerais introduits clandestinement dans les zones contrôlées par le mouvement rebelle M23 dans l’est du Congo, contribuant ainsi au financement du conflit en cours dans le pays. Ce rapport est le premier document de l’ONU à identifier nommément une entreprise impliquée dans la contrebande de minerais en provenance du Congo depuis la prise de contrôle par le mouvement M23 de la région de Rubaya, riche en coltan, en 2024. Selon l’enquête, l’exploitation minière illégale et la contrebande de ressources vers le Rwanda ont atteint des niveaux « sans précédent ».
L’entreprise est dirigée par un homme d’affaires rwandais, Eddy Habimana, qui a déjà été lié à des opérations de contrebande dans la région. Le rapport indique également que deux actionnaires sont de nationalité russe, révélant ainsi l’existence d’un réseau régional complexe autour du commerce du coltan. La région de Rubaya produit environ 15 % du coltan mondial, un minerai essentiel à l’industrie électronique. Selon une analyse des registres douaniers réalisée par Reuters, Boss Mining a exporté au moins 150 tonnes de coltan en 2024, bien que le Rwanda ne soit pas un producteur majeur de ce minerai, ces allégations recentrent l’attention sur le conflit prolongé au Congo, prolongement des complexités du génocide post-1994 au Rwanda, et soulèvent des questions sur le rôle de Kigali dans le soutien au mouvement rebelle, malgré les dénégations du gouvernement rwandais.
Le rapport de l’ONU a également documenté la contrebande nocturne de minerais via les postes-frontières contrôlés par le mouvement M23, ainsi que l’imposition par ce mouvement de taxes allant jusqu’à 15 % sur le commerce du coltan, générant des revenus estimés à 800 000 dollars par mois. Malgré la signature d’un accord de paix entre le Rwanda et le Congo, négocié par les États-Unis, ce mois-ci, ses dispositions n’incluent pas le mouvement M23, qui fait l’objet d’une médiation distincte menée par le Qatar, ce qui soulève des doutes sur la capacité de l’accord à calmer la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est.
