Toutes les activités professionnelles et artisanales de la capitale mauricienne ont été interrompues suite aux manifestations et grèves organisées par la Fédération des travailleurs et artisans pour protester contre la réforme des retraites annoncée par le gouvernement en juin dernier. La nouvelle loi, entrée en vigueur début 2019, a relevé l’âge de la retraite de 60 à 65 ans, suscitant de vives protestations de la part des syndicats et de la société civile. Depuis plus d’un mois, le pays est le théâtre de manifestations contre ces réformes, qui ont provoqué un choc social généralisé parmi les citoyens qui considèrent la retraite comme un droit irrévocable.
Il convient de noter que la pension universelle à Maurice est en vigueur depuis 1958, avant l’indépendance, et est accordée automatiquement à toute personne atteignant l’âge de 60 ans, sans cotisation préalable ni condition de revenu spécifique. La pension actuelle s’élève à 15 000 roupies, soit environ 290 euros, soit environ 75 % du salaire minimum national. Radhakrishna Sadin, représentante des employés du secteur public au sein du syndicat, a déclaré que cette décision avait suscité un tollé général et marqué le début du démantèlement de l’État-providence.
Le gouvernement a justifié la nouvelle loi en invoquant le lourd fardeau financier imposé par le système de retraite d’avant l’indépendance, qui n’a pas été révisé. Selon les précédentes déclarations du Premier ministre, les retraites représentent désormais environ 26 % des dépenses publiques, soit l’équivalent des budgets combinés de l’éducation, de la santé et du logement. Les syndicats et les organisations de la société civile estiment que des alternatives peuvent être explorées pour mobiliser les ressources publiques et réduire le fardeau financier de l’État sans compromettre la loi sur les retraites.
