Le gouvernement kényan a annulé un projet d’autoroute financé par les États-Unis, censé relier Mombasa à Nairobi, en raison des préoccupations chinoises concernant son impact sur les revenus du chemin de fer à écartement standard (SGR) financé par Pékin. Selon un rapport du magazine *Africa Report*, cette décision reflète la profondeur de l’influence chinoise en Afrique de l’Est, alors que le président William Ruto rencontre des difficultés à attirer des financements occidentaux pour ses grands projets. D’après le magazine, le coût estimé du projet s’élevait à 468 milliards de shillings (3,6 milliards de dollars). L’autoroute devait être construite parallèlement à l’ancienne route reliant Mombasa à Nairobi, suivant un tracé presque parallèle au chemin de fer chinois qui s’arrête à Naivasha.
L’entreprise américaine Everstrong Capital prévoyait de financer ce projet à travers un partenariat public-privé, avec la participation de fonds de pension locaux, d’investisseurs internationaux et de l’homme d’affaires kényan Peter Munga, fondateur de la banque *Equity*, cependant, *Africa Report* précise que l’entreprise anticipait que 75 % des revenus des péages proviendraient des poids lourds, ce qui aurait détourné une part importante du trafic de marchandises du chemin de fer chinois, suscitant les réserves de Pékin. Le magazine ajoute que les négociations en cours avec la Chine pour prolonger le chemin de fer jusqu’à Kisumu et Malaba ont fait du maintien du trafic de marchandises sur la ligne existante une priorité pour Pékin. Par ailleurs, des conditions qualifiées de « coûteuses » par le magazine, imposées par l’investisseur américain, ainsi que le retrait de certains partenaires étrangers – dont l’entreprise Mota-Engil, liée à un grand groupe chinois – ont renforcé les doutes sur la viabilité du projet.
Citant Kiva Sida, directeur général de l’unité de partenariat public-privé au ministère des Finances, *Africa Report* rapporte que « le projet menaçait effectivement de réduire l’utilisation du chemin de fer ». Il a toutefois ajouté que l’annulation était due au « retrait de certains partenaires, ce qui a créé une incertitude sur le financement ». Selon *Africa Report*, l’annulation de ce projet, qui aurait été le plus grand investissement américain dans les infrastructures en Afrique, met en évidence la suprématie de la Chine dans la course à l’influence économique sur le continent.