Dans une scène sans précédent, le Conseil suprême des affaires islamiques en Éthiopie a conclu les premières élections de ce type dans l’histoire du pays, avec une participation massive dépassant 13 millions d’électeurs qui ont voté dans plus de 49 000 mosquées transformées en bureaux de vote. Les élections, qualifiées de « transparentes et historiques », ont vu une participation remarquable des érudits, des jeunes et des femmes, avec des éloges pour le rôle des forces de sécurité dans la sécurisation du processus. Abdulaziz Ibrahim, président du comité exécutif des élections, a déclaré à Al Jazeera Net que « le processus s’est déroulé sans heurts, sans violations notables, et avec une large participation communautaire reflétant les aspirations des musulmans en Éthiopie ».
Les élections, qui se sont étendues sur trois jours, ont couvert toutes les régions du pays et ont abouti à l’élection de 19 érudits et leaders de premier plan, ainsi que de 120 membres du Conseil suprême issus de différentes régions. Le taux de participation des érudits et des leaders islamiques a atteint environ 65 %, tandis que 35 % des sièges ont été réservés aux jeunes et aux femmes, une mesure reflétant la pluralité au sein de la communauté musulmane. Le cheikh Ibrahim Tufa, président du Conseil suprême, a exprimé sa gratitude pour ce moment historique, déclarant : « Nous vivons un événement sans précédent, où les musulmans peuvent pour la première fois choisir leurs représentants librement et démocratiquement, après des années de marginalisation ».
Les musulmans en Éthiopie ont longtemps souffert de marginalisation politique et religieuse, bien que la première migration islamique ait eu lieu vers la terre d’Abyssinie. Leur présence est restée confinée à de petites communautés, sans soutien officiel, dans un contexte de domination de l’Église sur la scène publique depuis le IVe siècle. Mais aujourd’hui, la situation a changé : les appels à la prière résonnent dans les villes, et des espaces sont aménagés pour les fêtes religieuses et les repas de rupture du jeûne pendant le Ramadan, reflétant un renouveau de la communauté musulmane dans le pays.
