Les forces armées nigériennes ont annoncé la mort du chef de Boko Haram, Ibrahim Mahamadu, connu sous le nom de « Bakura », dans une frappe aérienne menée par l’armée de l’air le 15 août sur les îles du lac Tchad, à la frontière avec le Nigeria, le Tchad et le Cameroun. Dans un communiqué diffusé jeudi soir par la télévision officielle, l’armée a indiqué que l’opération, qui a suivi « plusieurs semaines de surveillance », a consisté en « trois frappes précises et consécutives » sur des positions où Bakura se retranchait, dans l’île de Chilawa, dans la région de Diffa, au sud-est du pays.
Selon l’armée, l’opération a entraîné la mort de dizaines de combattants, ainsi que d’autres chefs de Boko Haram, et a été qualifiée de « modèle » en termes de précision et d’exécution. Cependant, les autorités n’ont pas fourni de preuves de la mort de Bakura. Un cadre jihadiste proche du chef de Boko Haram a démenti cette information. Une source sécuritaire dans la région du lac Tchad a transmis à l’Agence France-Presse un message vocal enregistré par une personne proche de Bakura, affirmant que l’annonce de sa mort est « totalement fausse ». Dans ce message, enregistré en langue haoussa, l’individu déclare : « Je suis avec lui en ce moment, nous sommes ensemble », qualifiant l’annonce de « propagande ».
De son côté, le chercheur français Vincent Foucher, du Centre national de la recherche scientifique et spécialiste de Boko Haram, a appelé à « la plus grande prudence », notant que « des annonces similaires sur la mort de chefs de groupes armés ont été démenties par le passé ». Il a ajouté que cette annonce repose uniquement sur le communiqué des autorités, Bakura, d’origine nigériane et âgé d’une quarantaine d’années, dirigeait une faction de Boko Haram fidèle à l’ancien chef Abubakar Shekau, tué en mai 2021 lors d’un conflit interne entre groupes armés. Bakura avait refusé de rejoindre l’État islamique en Afrique de l’Ouest, rival de Boko Haram, et s’était installé avec ses combattants sur les îles nigérianes du lac Tchad.
