Deux notes de renseignement confidentielles adressées au président camerounais Paul Biya en juillet dernier ont mis en garde contre le risque d’un « coup d’État politique » au sein du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), ainsi que contre la possibilité de perdre les élections prévues le 12 octobre si l’opposition parvient à s’unir. La première note, datée du 4 juillet et marquée comme « urgente », s’est concentrée sur les dissensions internes au parti. Elle a souligné que le « dissident » Léon Theiller Onana a contesté la légitimité du leadership de Biya, arguant que le parti n’a pas renouvelé ses instances dans les délais légaux. La note a recommandé la tenue d’un nouveau congrès pour régulariser la situation juridique du parti et confirmer la candidature de Biya.
La seconde note, datée du 14 juillet, a présenté une simulation électorale basée sur les résultats de 2018, révélant une compétition très serrée entre le camp de Biya et l’opposition. Selon le rapport, le parti au pouvoir commencerait avec environ 1,77 million de voix, contre 1,72 million pour une opposition unifiée, soit un écart extrêmement faible, cependant, le modèle a indiqué que si l’opposition se présente unie, elle pourrait surpasser le parti au pouvoir avec plus d’un million de voix d’avance. En revanche, si l’opposition reste divisée, cela jouerait en faveur de Biya. Les notes de renseignement ont recommandé plusieurs mesures pour garantir la victoire du parti au pouvoir lors de l’élection à venir. La plus notable est de pousser pour la validation de la candidature de l’opposant Maurice Kamto, afin de fragmenter les voix de l’opposition et d’empêcher son unification derrière un seul candidat.
Elles ont également insisté sur la nécessité de revitaliser les structures locales du parti en mobilisant ses bases et en finançant des activités sur le terrain, afin de restaurer la confiance des militants historiques et d’attirer de nouveaux électeurs. Par ailleurs, les notes ont préconisé le lancement d’une vaste campagne numérique sur les réseaux sociaux, s’appuyant sur des influenceurs rémunérés et soutenue par des ressources financières conséquentes, pour assurer une forte présence du parti dans l’espace virtuel et s’adapter aux dynamiques des campagnes modernes.
