Depuis le renversement du président Mohamed Bazoum en juillet 2023 et l’arrivée au pouvoir d’un conseil militaire, le Niger connaît des transformations profondes sur les plans sécuritaire et politique. Alors que les leaders du coup d’État brandissent le slogan de la « reconquête de la souveraineté » après l’expulsion des forces françaises et américaines, les groupes armés étendent leur emprise dans l’ouest du pays, faisant de la région du Sahel l’une des zones de violence à la croissance la plus rapide au monde. En septembre dernier, le magazine *Africa Report* a rencontré une petite cellule de combattants du groupe « Nusrat al-Islam wal-Muslimin » près de la région de Tillabéri, à la frontière avec le Burkina Faso.
Les combattants, arrivés à moto, collectaient ce qu’ils appelaient des « impôts » dans un contexte d’absence quasi totale de l’armée. L’un des chefs du groupe a déclaré : « Les soldats de l’État ne signifient rien pour nous, c’est nous qui dirigeons ici ». Quelques jours plus tard, la région a été le théâtre d’une série d’attaques coordonnées qui ont coûté la vie à des dizaines de soldats et de civils, signe de la confiance croissante des groupes armés et de leur capacité à se déplacer librement. Entre 2014 et 2023, environ 3 000 personnes ont été tuées dans des attaques armées malgré la présence des forces françaises et américaines. Cependant, après l’expulsion de ces forces entre 2023 et 2024, les pertes se sont multipliées. Selon Joseph Siegle, directeur de recherche au *Centre africain d’études stratégiques*, cité par *Africa Report*, le nombre de morts liées à la violence djihadiste a quadruplé en un an, atteignant 1 655 victimes, avec une augmentation de 49 % du nombre de civils tués.
Safiya, une veuve de la région de Tahoua, a raconté au magazine avoir perdu son mari en 2022, tué par des hommes armés. Deux ans plus tard, elle a été témoin d’un nouveau massacre dans son village, perpétré par des individus soupçonnés d’appartenir à l’organisation *État islamique dans le Grand Sahara*. Elle affirme : « Depuis que le conseil militaire a pris le pouvoir, il n’y a plus de patrouilles ni de bases près des villages stratégiques. »
