Le Conseil militaire au pouvoir au Burkina Faso, dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, a annoncé le rétablissement de la peine de mort dans le nouveau projet de Code pénal, notamment pour des crimes tels que la haute trahison, le terrorisme et l’espionnage. Selon un communiqué officiel publié à l’issue du Conseil des ministres du jeudi 4 décembre 2025, le projet de loi « rétablit la peine de mort pour plusieurs infractions, dont la haute trahison, les actes de terrorisme et l’espionnage ». Le Burkina Faso avait définitivement aboli la peine capitale en 2018 sous la présidence civile de Roch Marc Christian Kaboré, après qu’elle était restée en suspens depuis la dernière exécution en 1988.
Le ministre de la Justice, Edasso Rodrigue Bayala, a expliqué que ce projet de loi « s’inscrit dans le cadre de réformes globales visant à instaurer une justice répondant aux aspirations du peuple ». Le texte comprend également des dispositions criminalisant « la promotion et les pratiques homosexuelles », s’ajoutant à une loi adoptée en septembre dernier qui punit jusqu’à 5 ans de prison les personnes reconnues coupables d’« actes homosexuels ». Depuis son arrivée au pouvoir à la suite d’un coup d’État militaire en septembre 2022, Ibrahim Traoré a adopté un discours souverainiste anti-occidental et dénoncé ce qu’il qualifie de « valeurs importées », tout en renforçant les relations de son pays avec de nouveaux partenaires comme la Russie et l’Iran.
Des observateurs estiment que le rétablissement de la peine de mort s’inscrit dans une politique de durcissement visant à consolider l’autorité du Conseil militaire et à répondre aux défis sécuritaires. Selon le rapport 2024 d’Amnesty International, des condamnations à mort ont été prononcées dans 14 pays d’Afrique subsaharienne, soit une baisse de 10 % par rapport à l’année précédente, tandis que les exécutions ont diminué de 11 %. L’organisation précise que la Somalie a été le seul pays de la région à avoir procédé à des exécutions au cours des deux dernières années.