Une organisation de droits humains érythréenne a salué la libération de 13 personnes détenues depuis près de 18 ans sans procès, mais a averti en même temps que des milliers de détenus croupissent encore dans les prisons dans des conditions qualifiées d’« inhumaines », l’organisation « Human Rights Concern-Eritrea » a indiqué que les personnes libérées, parmi lesquelles un ancien athlète olympique et plusieurs ex-officiers de police, sont restées pendant des années privées de tout procès ou droit à une défense légale, et ont été soumises à l’isolement solitaire et à des traitements s’apparentant à de la torture.
L’organisation a ajouté que certains détenus étaient enfermés dans des conteneurs métalliques au sein de la prison de « Mai Serwa », près de la capitale Asmara, où ils subissaient des variations extrêmes entre une chaleur intense et un froid glacial. Malgré son accueil positif de cette mesure, l’organisation a souligné que les autorités érythréennes détiennent encore plus de 10 000 prisonniers d’opinion, affirmant que « la crise des droits humains plus large n’a pas changé ». L’organisation a appelé la communauté internationale, y compris l’Union africaine, les États-Unis et les Nations unies, à exercer une pression sérieuse sur le gouvernement érythréen pour mettre fin à ce qu’elle a décrit comme des « violations systématiques généralisées » et à instaurer des mécanismes de responsabilité pour les violations passées et en cours.
L’Érythrée, qui compte environ 3,5 millions d’habitants, est dirigée par le président Isaias Afwerki (79 ans) depuis son indépendance d’avec l’Éthiopie en 1993, et occupe des rangs très bas dans les indices des droits et libertés. Des observateurs affirment que les voix dissidentes dans le pays disparaissent souvent dans des camps de détention, tandis que les civils sont confrontés au service militaire obligatoire et au travail forcé, des pratiques que les Nations unies considèrent comme une forme d’esclavage. Aucun commentaire immédiat n’a été émis par le ministre érythréen de l’Information, Yemane Ghebremeskel, concernant le nombre de détenus et leurs conditions de détention, malgré des demandes répétées des agences de presse internationales.