L’Allemagne s’apprête, le 17 septembre courant, à exécuter un vol de retour forcé collectif de migrants tunisiens en situation irrégulière, dans le cadre d’un accord conclu entre Tunis et Berlin en 2017. Sous l’égide d’accords bilatéraux, les autorités allemandes poursuivent les opérations de retour forcé collectif des migrants tunisiens en situation irrégulière ou dont les demandes d’asile ont été rejetées. L’accélération de ces « vols non annoncés » suscite de vives inquiétudes parmi les défenseurs des droits humains quant au respect des garanties légales et des droits de l’Homme, alors que des témoignages font état de « conditions inhumaines » dans les centres de détention, selon les concernés, et d’un manque d’accès à la possibilité de défendre leur situation.
Ces migrants se retrouvent ainsi dans leur pays d’origine, où l’absence de perspectives de réintégration dans la société les plonge dans une nouvelle spirale de souffrances. Ramadan Ben Omar, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, a révélé dans des déclarations à *Euronews Arabe* que la politique de retour forcé de l’Allemagne envers la Tunisie trouve ses racines dans un accord signé le 3 mars 2017. Cet accord, passé relativement inaperçu dans les médias à l’époque, a été conclu lors d’une visite de l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel en Tunisie. Il a été présenté comme un cadre de coopération entre les deux pays en matière de réadmission des migrants, en échange d’un soutien de Berlin sous forme d’aides, notamment pour la sécurité intérieure et le financement de programmes de réintégration des rapatriés.
Cependant, la réalité sur le terrain diverge radicalement des termes de l’accord. En pratique, aucun programme de réintégration efficace n’existe, et les migrants rapatriés ne bénéficient d’aucun soutien officiel tangible après leur retour. Selon Ben Omar, « l’accord est exploité juridiquement pour justifier les opérations de retour collectif sans garanties suffisantes en matière de droits humains ». Ben Omar a également souligné une intensification notable de la politique de retour forcé allemande ces dernières années. Depuis 2022, Berlin a organisé 74 vols de retour collectif vers la Tunisie, avec une augmentation du nombre de rapatriés, passant de 227 personnes en 2022 à 293 en 2024, soit une hausse d’environ 29 %.
