Société

Gabès se soulève contre une mort lente : colère populaire face à la pollution et accusations contre le complexe chimique

La ville de Gabès, dans le sud tunisien, est en proie à une montée de la colère populaire. Des protestations environnementales se sont transformées en un vaste mouvement de foule après que des dizaines de citoyens ont envahi, le samedi 11 octobre 2025, le siège du Complexe chimique tunisien pour exiger sa fermeture définitive, l’accusant de transformer la ville en un foyer de pollution et de « mort lente ». La région a vu un déploiement massif de forces militaires stationnées à l’intérieur de l’installation, sans qu’aucun affrontement ne soit signalé. Les manifestants ont brandi des slogans dénonçant ce qu’ils qualifient d’« asphyxie collective » subie par les habitants depuis des années à cause des émissions toxiques. Kheireddine Debia, un militant de la campagne « Stop à la pollution », a déclaré : « Gabès n’est plus vivable.

Les maladies respiratoires, les cancers et l’ostéoporose font désormais partie du quotidien des gens », ajoutant que le silence officiel face à cette catastrophe sanitaire n’est plus tolérable. Le Complexe chimique tunisien est un pilier de l’économie nationale et une source importante de devises étrangères grâce à son activité de traitement du phosphate et de production d’engrais. Cependant, le revers de cette activité est son coût environnemental exorbitant : l’usine rejette quotidiennement des milliers de tonnes de déchets industriels en mer, entraînant la destruction de l’écosystème marin et l’effondrement du secteur de la pêche, qui était pendant des décennies une source de revenus essentielle pour les habitants.

Le gouvernement se trouve aujourd’hui face à un dilemme complexe : répondre aux revendications des habitants pour fermer l’usine afin de protéger la santé publique, ou maintenir ses plans de quintupler la production de phosphate d’ici 2030 pour faire face à la crise économique asphyxiante. La récente vague de protestations a été déclenchée par des cas d’asphyxie enregistrés parmi des élèves dans plusieurs écoles, causés par l’augmentation des vapeurs toxiques. Des vidéos ont montré des équipes de secours intervenant pour sauver les enfants au milieu de la panique des parents, ce qui a attisé la colère populaire et conduit à une escalade sans précédent.

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