La capitale sénégalaise, Dakar, a été le théâtre d’une manifestation massive à laquelle ont participé des centaines de citoyens réclamant la reddition de comptes des responsables des violences politiques survenues dans le pays entre 2021 et 2024, qui ont coûté la vie à des dizaines de personnes au cours des dernières années du mandat de l’ancien président Macky Sall. Malgré des pluies torrentielles, les manifestants ont brandi des slogans tels que « Justice pour les martyrs » et « Nous refusons le silence et l’oubli », en référence aux victimes des manifestations appelées à l’époque par l’opposition, réprimées par une réponse sécuritaire brutale.
Alors qu’une coalition de journalistes et de chercheurs a rapporté qu’au moins 65 personnes ont été tuées, dont 51 par balles, principalement des jeunes, certaines estimations de responsables actuels suggèrent que le nombre de morts pourrait dépasser 80. De nombreux manifestants ont également été blessés et arrêtés dans des conditions qualifiées de choquantes. Cette mobilisation intervient quelques semaines après l’annonce par le ministère de la Justice de l’ouverture d’une enquête sur ces événements, au milieu de critiques émanant des familles des victimes et de figures de l’actuelle majorité concernant la lenteur des procédures judiciaires. Un participant a déclaré : « Le pays a été témoin d’une grande injustice de la part d’un gouvernement qui a emprisonné, torturé et tué, et jusqu’à présent, la justice n’a pas été rendue. » De son côté, l’activiste Laurent Ousmane Goudiaby s’est interrogé : « Qui les a tués ? Pourquoi la vérité n’a-t-elle pas encore été révélée » ?
Entre 2021 et 2024, le Sénégal a connu de vastes vagues de protestations réprimées par une répression sécuritaire, accompagnées d’accusations selon lesquelles des hommes armés en civil, agissant pour le compte des autorités, auraient participé à la répression des manifestants. En mars 2024, le Parlement a adopté une loi d’amnistie générale concernant les personnes impliquées dans ces événements, dans une tentative d’apaiser le climat politique. Cependant, en avril dernier, le Conseil constitutionnel a statué que les crimes qualifiés de « graves » ou d’« atteintes graves aux droits humains » restent imprescriptibles, permettant ainsi la poursuite de leurs auteurs.
