Le Conseil constitutionnel camerounais a rejeté, mercredi, tous les recours concernant l’élection présidentielle du 12 octobre, ouvrant la voie à l’annonce des résultats complets, tandis que des affrontements ont éclaté entre les forces de sécurité et les partisans de l’opposition dans le Nord. Alors que le président Paul Biya, âgé de 92 ans, s’apprête à entamer un huitième mandat, des manifestations ont éclaté dans la capitale et d’autres villes de ce pays d’Afrique centrale en raison d’allégations d’irrégularités électorales. Le Conseil a rejeté 10 recours invoquant des accusations de bourrage d’urnes, d’intimidation des électeurs et d’autres irrégularités, citant un manque de preuves ou un défaut de compétence juridictionnelle pour annuler les élections. Ses décisions sont définitives et ne peuvent faire l’objet d’un appel.
Issa Tchiroma, ancien allié de Biya et désormais opposant, a revendiqué sur la page officielle de sa campagne électorale une victoire avec 54,8 % des voix, sur la base de résultats représentant 80 % des électeurs. Il avait refusé de déposer un recours auprès du Conseil, avertissant qu’il n’accepterait aucun autre résultat. Il a déclaré avoir reçu des félicitations pour sa victoire à la présidence de la part de plusieurs ministres du gouvernement de Paul Biya. Dans une vidéo publiée sur Facebook mercredi, il a déclaré : « Si le Conseil constitutionnel annonce des résultats falsifiés et tronqués, il sera complice d’une trahison… Le peuple ne l’acceptera pas », ajoutant qu’il était ouvert à une transition pacifique du pouvoir. Le gouvernement a rejeté les allégations de fraude électorale et a appelé la population à attendre les résultats officiels.
Des manifestations sporadiques ont éclaté dans plusieurs villes après que les résultats partiels publiés par les médias locaux ont montré que Biya, le chef d’État le plus âgé au monde, était en passe de l’emporter. Une nouvelle victoire pour un mandat de sept ans pourrait le maintenir au pouvoir jusqu’à près de 100 ans. Mercredi, des affrontements ont éclaté entre les forces de sécurité et les partisans de Tchiroma dans les villes septentrionales de Maroua et Garoua. À Garoua, des vidéos publiées en ligne montraient des manifestants défilant avec des pancartes, circulant à moto et scandant le nom de Tchiroma tout en klaxonnant.