Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a accusé, ce mercredi, l’Érythrée et une faction du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui a dominé la vie politique à Addis-Abeba pendant environ 30 ans, de se préparer « activement » à déclencher une guerre contre l’Éthiopie. Dans une lettre adressée au Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, le ministère éthiopien a déclaré que « l’Érythrée et une faction extrémiste du TPLF financent, mobilisent et dirigent des groupes armés, notamment dans la région de l’Amhara, où l’armée éthiopienne fait face à une rébellion armée depuis plusieurs années ».
Le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Gedion Timotios, a précisé dans la lettre que « la collusion entre le gouvernement érythréen et la faction extrémiste du Front de libération du peuple du Tigré est devenue plus évidente au cours des derniers mois », ajoutant que « les deux parties travaillent ensemble dans le cadre d’une alliance qui se prépare activement à lancer une guerre contre l’Éthiopie ». Le président érythréen, Isaias Afwerki, a mis en garde l’Éthiopie contre le déclenchement d’une nouvelle guerre, alors que les tensions entre les deux pays s’intensifient, notamment en raison des ambitions d’Addis-Abeba d’obtenir un accès à la mer. Dans des déclarations à la télévision érythréenne, Afwerki a affirmé que l’invasion de son pays « n’est pas si facile », mettant en garde le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, contre le fait de « plonger les Éthiopiens dans des guerres absurdes pour détourner l’attention des crises internes ».
Il a ajouté : « S’il (le Premier ministre éthiopien) pense qu’il peut défaire les forces érythréennes par une attaque humaine, il se trompe. » Il a poursuivi : « Avant d’entraîner le peuple éthiopien dans des guerres non désirées ou de l’exploiter à des fins politiques, il faut d’abord s’attaquer aux problèmes internes du pays et les résoudre ». L’Érythrée et l’Éthiopie ont mené une guerre sanglante entre 1998 et 2000, qui a fait des dizaines de milliers de morts. Malgré la signature d’un accord de paix en 2018, les tensions se sont ravivées après la guerre du Tigré (2020-2022), qui a causé environ 600 000 morts et dans laquelle l’Érythrée s’est rangée aux côtés de rebelles contre le gouvernement du Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed.
